Vie quotidienne
Les allergies
L'allergie est une réaction de notre système immunitaire. Une substance allergène a pénétré l'organisme et les défenses immunitaires veulent la détruire. Quel est le lien entre les allergies et nos intestins ? Quel est le rôle de la muqueuse intestinale en ce qui concerne ce phénomène qui affecte de plus en plus de personnes ?
Pour commencer, quelques informations sur nos bactéries intestinales. Celles-ci sont très actives et d'une grande utilité puisqu'elles rendent nos aliments ingérés assimilables, combattent les agents pathogènes et produisent des hormones. Elles sont aussi essentielles au rôle barrière de la paroi intestinale qui nous protège des agents infectieux. Elles peuplent la muqueuse intestinale qui stoppe les substances étrangères et laisse passer les nutriments.
Muqueuse intestinale et allergies
Des allergies peuvent apparaître en cas de lésions des muqueuses de notre organisme (telles que les muqueuses du nez, des poumons ou de l'intestin). Dans ce cas, les substances qui pénètrent dans le corps par l'air ou la nourriture ne peuvent pas être correctement contrôlées et rejetées comme inoffensives, mais pénètrent immédiatement et sans contrôle dans le sang ou le système lymphatique. Cette surcharge supplémentaire peut submerger le système immunitaire, entraînant des allergies et des intolérances alimentaires.
Processus allergique
Bien que les symptômes d’une allergie diffèrent, le processus des réactions allergiques est le même : au contact d’un allergène, des anticorps (lgE) se forment pour combattre cet allergène. À chaque contact de l’allergène, les anticorps lgE sont activés et provoquent la libération de l’histamine, ce qui déclenche les symptômes typiques de la réaction allergique : p. ex. démangeaisons, larmoiements, gonflements, éruptions cutanées ou asthme. Lorsque cette réaction allergique se produit, l'allergène a pu traverser la barrière de la muqueuse intestinale sans être détecté. En effet, la muqueuse intestinale contient un anticorps spécial, le SIgA, qui empêche normalement la pénétration de substances étrangères et d'allergènes. La SIgA est produite par les cellules de l'intestin et libérée dans la couche de mucus. Cet anticorps, en tant qu’« anticorps de la muqueuse », est une sorte de couche protectrice de l’intestin. Pour protéger l’organisme des allergies, l’anticorps se lie aux agents exogènes, avant leur absorption et ainsi il peut les marquer. Quand les allergènes ont été marqués, ils ne peuvent plus être absorbés par l’organisme. Ce mécanisme agit en amont en empêchant la survenue de la réaction allergique.
La muqueuse protège des allergies
Le mécanisme de protection par la muqueuse constitue un processus fondamental pour éviter les allergies. En fin de compte, c’est ce mécanisme qui stoppe le passage des substances allergisantes. L’origine animale ou végétale de l’allergène (p. ex. pollen des graminées, poils d’animaux), qu’il soit contenu dans des aliments (p. ex. conservateurs, arômes) ou des produits de soins n’est pas déterminante. Par conséquent un traitement de la muqueuse spécifique permet de lutter contre les différents allergènes.
Que faire en cas d’allergies?
Actuellement, il existe différents moyens de traiter les allergies. Dans le cas d’un traitement axé sur les symptômes, l’action thérapeutique cible les effets de la réaction allergique. En atténuant et en diminuant la libération d’histamine, les gouttes, les vaporisations et les comprimés permettent de réprimer les symptômes à court terme. Cependant, ces mesures thérapeutiques ne traitent pas les causes de l’allergie. La désensibilisation est une autre alternative thérapeutique. Elle consiste à habituer progressivement l’organisme à la présence d’un agent allergène générant ainsi une tolérance. Cette méthode convient aux allergies provoquées par une seule substance connue. Elle est toutefois compliquée, longue et ne protège pas contre de nouvelles allergies.
Une option thérapeutique prometteuse sur le long terme passe par le traitement des muqueuses. Chez les personnes allergiques, les muqueuses sont lésées et peuvent faciliter la survenue d’allergies. Le traitement des muqueuses s’attaque à l’origine de l’allergie. Il convient surtout aux personnes qui sont multi-allergiques ou qui sont intolérantes à certaines substances.
Mag. Anita Frauwallner
nous parle des allergies
Mag. Anita Frauwallner | Spécialiste de l’intestin
Quelles allergies peuvent se développer dans l’intestin et pourquoi apparaissent-elles dans cet organe ?
Mag. Frauwallner : De nos jours, pratiquement chaque substance peut devenir allergène et donc provoquer des réactions allergiques. Les personnes dont le système immunitaire est affaibli, le savent bien, puisqu’une allergie est une hyper-réaction du système immunitaire au contact de substances qui, chez les non-allergiques, ne provoquent aucune réaction.
Quand on sait que 80 % des cellules immunitaires se trouvent dans l’intestin, on comprend vite que c’est dans cet organe que se situe le point de départ d’une réaction allergique lorsque l’intestin ne fonctionne plus correctement ou, en termes scientifiques, lorsque la barrière intestinale n’est plus efficace. Un traitement antibiotique, qui a supprimé en grande partie vos bactéries intestinales essentielles, peut en être responsable, un stress important peut aussi entraîner un tel phénomène. Ce stress important ralentit la circulation sanguine dans votre intestin et favorise l’inflammation. Dans ces circonstances, un intestin perméable (« leaky gut » en anglais) absorbe bien les nutriments vitaux, mais il laisse aussi passer les agents infectieux ou les allergènes issus des pollens que vous avez ingérés en passant la langue sur les lèvres.
Lorsque le système immunitaire est trop stimulé, des réactions allergiques sont susceptibles de survenir. Par exemple si vous consommez plus fréquemment du lait, du blé ou des pommes, ou si vous êtes en contact régulier avec certaines substances ou matières. La situation peut s’aggraver si une personne est allergique au pollen de bouleau, de noisetier ou autres car elle peut développer d'autres allergies. On parle alors de réactions croisées. Plus une personne développe de réactions allergiques, plus elle a de risques de souffrir d’autres allergies. Tout ceci a commencé dans l’intestin !
Peut-on améliorer la situation en aidant son intestin ? Qu'est-ce qui est utile en cas d’allergies ?
Mag. Frauwallner : Je suis un très bel exemple de ce que l’on peut faire à l’échelle individuelle pour stopper les allergies. Commencez par vous préoccuper de l’origine de votre allergie : l’intestin !
- Essayez de réduire votre niveau de stress et surtout de restaurer votre muqueuse intestinale que vos émotions négatives ont lésée. C’est possible en absorbant de bonnes bactéries intestinales anti-inflammatoires.
- Renforcez votre immunité. Pendant la saison des pollens, il est préférable de ne pas pratiquer une activité sportive intense. Il est alors important d'avoir une muqueuse intestinale résistante et des bactéries intestinales bénéfiques peuvent contribuer à cela. Pour ma part, j'utilise volontiers une combinaison de six souches bactériennes essentielles qui colonisent l'ensemble de l’intestin..
- Quand votre nez coule et que vos yeux sont rouges, vous devez stopper la libération d’histamine dans l’intestin. Le zinc est tout à fait approprié dans cette situation. En règle générale, l’absorption de vitamines du groupe B, d’acides aminés et de divers oligo-éléments assurent le bon développement de la muqueuse intestinale. Ils vous permettront d’avoir un « intestin en pleine forme ».
Les allergies sont-elles toutes liées à l'intestin ?
Mag. Frauwallner : Les allergies de type I à III médiées par des anticorps ainsi que la réaction de type IV provoquée par les cellules T sont toujours dues à un dysfonctionnement du système immunitaire. Chez une personne en parfaite santé dont l’intestin fonctionne et dont la colonisation bactérienne est idéale, il n’existe pratiquement pas d’« allergie liée à un dysfonctionnement » immunologique. Les intolérances alimentaires qui touchent actuellement de plus en plus de monde, ne l’affecteront pas non plus. Même chez les enfants génétiquement prédisposés, par les deux parents, en administrant de bonnes bactéries intestinales pendant la grossesse puis durant la première année du bébé, il est possible de prévenir jusqu’à 80 % d’allergies, de névrodermite et d’asthme. À ce sujet, nous avons déjà publié, il y a dix ans, la vaste étude PANDA. Les pédiatres et les allergologues commencent tout juste à exploiter peu à peu le potentiel de ce traitement probiotique spécifique.
Pourquoi a-t-on l’impression que de plus en plus de personnes souffrent d’allergies ?
Mag. Frauwallner : Ce n’est pas qu’une impression, c’est une réalité. Le nombre de personnes allergiques est beaucoup plus élevé à l’heure actuelle qu’il y a 50 ans. Il n’y a rien d’étonnant à cela. Il suffit de regarder autour de nous : dès sa première année, un enfant reçoit plusieurs traitements antibiotiques or ils sont malheureusement souvent inutiles. Notre alimentation contient toujours plus de sucre, de colorants, de conservateurs et d’exhausteurs de goût artificiels et 30 % de la population souffre de stress, ce qui expose les gens à un risque de burn-out. Chez 80 % des Allemands, le microbiote est perturbé et ils souffrent de flatulences, de douleurs persistantes et de fatigue chronique. Nous devons revenir à l’approche que nous ont transmises les anciennes médecines, de l’Ayurveda, en passant par Hippocrate et Paracelse : « l’intestin est le centre de la santé et de la maladie ». Ma vision est très claire en ce qui concerne les allergies : il ne faut pas s'en tenir aux symptômes, mais il faut s’attaquer aux causes. Un dysfonctionnement intestinal qui conduit à des troubles du système immunitaire est responsable de la survenue d’allergies.