Détoxification (filtration et transformation des substances toxiques), production de protéines, stockage et répartition des nutriments, production de la bile : le foie prend en charge une multitude de fonctions importantes dans l’organisme. Tant qu’il est en bonne santé, il peut mener à bien toutes ses tâches. En cas de cirrhose du foie, cet organe perd progressivement ses capacités et ne peut plus remplir ses fonctions normales.
En lisant cet article consacré à la cirrhose du foie, vous en apprendrez plus sur les symptômes de cette maladie hépatique grave, les causes possibles de son apparition et les conséquences de cette maladie.
La cirrhose du foie : définition et caractéristiques
La cirrhose du foie est une maladie hépatique qui entraîne une transformation du tissu et une altération des cellules. En effet, une inflammation chronique détruit les cellules du foie et conduit à une cicatrisation du foie, c’est-à-dire que du tissu cicatriciel remplace le tissu sain ce qui entrave la circulation sanguine. En progressant, la maladie réduit peu à peu le fonctionnement normal du foie. C’est pourquoi il ne peut plus remplir ses fonctions notamment en tant qu’organe métabolique central et des complications peuvent alors apparaître.
Pendant longtemps, la cirrhose du foie a été considérée comme le stade final irréversible de différentes maladies chroniques du foie, entraînant la mort. Aujourd’hui, une prise en charge thérapeutique précoce permet de freiner la progression de la maladie et d’éviter certaines complications.
Le foie est en étroite relation avec l’intestin grêle et le gros intestin, et par conséquent avec le microbiote intestinal. Le foie reçoit le sang provenant des intestins via la veine porte et ainsi, toutes les substances issues des processus de digestion. En cas de cirrhose du foie, le fonctionnement de l’axe intestin-foie est perturbé, ce qui entraîne une modification de la flore intestinale. Ce phénomène provoque alors un déséquilibre de la colonisation bactérienne de l’intestin (= une dysbiose) et une perte de la diversité. Dès lors, une hyperperméabilité intestinale peut se développer et cette affection de la paroi intestinale a un impact sur la progression de la maladie en stimulant des processus inflammatoires au niveau du foie.
Les symptômes de la cirrhose du foie
Au début de la maladie, les personnes concernées ne remarquent souvent pas que leur foie est altéré car cet organe souffre en silence. Les symptômes se font sentir avec la progression de la maladie. Les symptômes caractéristiques de la cirrhose du foie sont des nausées, une sensation de pression ou des ballonnements, de la fatigue et une perte d’appétit.
Aux stades les plus avancés de la cirrhose de foie, la peau et le blanc des yeux peuvent jaunir. La bilirubine en est la cause, c’est un pigment de couleur jaune présent dans la bile. Un foie dont le fonctionnement est altéré n’est plus en mesure d’absorber cette substance et de la traiter rapidement, ce qui provoque son dépôt dans les tissus du corps. D’autres troubles peuvent apparaître tels qu’une perte de poids, des varices œsophagiennes, la présence de sang dans les selles ou les vomissements et une fonction cérébrale perturbée à cause de l’encéphalopathie hépatique par exemple. Par ailleurs, l’abdomen peut gonfler car le liquide s’y accumule, on parle alors d’ascite.
Les causes de la cirrhose du foie
En principe, toute maladie hépatique persistante peut entraîner une cirrhose du foie. La cause la plus fréquente est toutefois l’alcool. L’abus d’alcool endommage le foie à tel point qu’il ne peut plus métaboliser correctement les graisses (les lipides). La graisse s’accumule alors dans les cellules du foie et le tissu hépatique se transforme et se détériore.
En outre, une stéatose hépatique non alcoolique peut être aussi à l’origine d’une cirrhose du foie. Comme son nom l’indique, cette maladie n’est pas liée à la consommation d’alcool. Cette maladie survient chez les personnes présentant un syndrome métabolique généralement lié à un surpoids ou une obésité et au diabète de type II.
Par ailleurs, une inflammation provoquée par des virus tels que l’hépatite B et l’hépatite C peut entraîner une cirrhose du foie.
Parmi les autres causes possibles figurent les dommages causés par les médicaments ou des produits chimiques et les maladies auto-immunes, c’est-à-dire les maladies où le système de défense de l’organisme s’attaque par erreur aux voies hépatiques ou biliares.
Le diagnostic
Pour établir un diagnostic sûr de la cirrhose du foie, les médecins se basent sur différents critères. Les symptômes de la personne concernée sont pris en compte, des examens médicaux sont prescrits comme une échographie et différents paramètres sanguins sont analysés. La valeur de coagulation sanguine, de l’albumine et de la bilirubine dans le sérum sanguin peuvent fournir des informations sur le fonctionnement du foie.
Différents stades existent en fonction de l’altération de la fonction hépatique et sont déterminés selon la gravité de la fibrose (la cicatrisation du foie) :
- stade F1 : une fibrose légère
- stade F2 : la fibrose devient significative
- stade F3 : la fibrose est sévère
- stade F4 : la fibrose est telle qu’on parle de cirrhose, il existe alors une grande quantité de tissu cicatriciel dans le foie.
Quant au score de CHILD-PUGH, il permet d’évaluer la sévérité de la cirrhose du foie. Il est basé sur 5 paramètres dont la bilirubine, l’albumine, l’ascite et l’encéphalopathie. Pour chaque paramètre, des points sont attribués permettant de calculer le score qui varie de 5 à 15 (classes A, B et C). La cirrhose compensée correspond généralement à la classe A (entre 5 et 6) et la cirrhose décompensée aux classes B ou C (à partir de 7).
Les possibilités de traitement
Lorsque la fibrose est détectée et traitée à un stade précoce, le foie peut dans de nombreux cas se rétablir. Pour cela, il est important que la personne concernée renonce à l’alcool, ait une alimentation saine et équilibrée et qu’elle atteigne ou maintienne un poids de forme.
Selon la cause du développement de la cirrhose, le traitement doit être adapté. Si la cirrhose est liée à une infection par le virus de l’hépatite B ou C, il exite des traitements antiviraux qui inhibent la multiplication des virus de l’hépatite. Quand elle est associée au syndrome métabolique, il est nécessaire de mettre en place un traitement du diabète et de la surcharge pondérale.
La greffe du foie (ou transplantation hépatique) peut être envisagée en cas de cirrhose décompensée (étape qui correspond à l’apparition d’une ou plusieurs complications) ou de cancer du foie.
Alimentation en cas de cirrhose du foie
Les personnes atteintes d’une cirrhose du foie ont des besoins élevés en énergie et en protéines. De plus, le corps ne peut plus utiliser correctement les nutriments absorbés, c’est pourquoi il serait opportun de suivre les conseils suivants :
- Veiller à l’apport calorique quotidien.
- Manger suffisamment de protéines : dans ce cas, il est nécessaire de faire attention à la source de protéines. Les protéines provenant du soja, du tofu, des céréales, du lait, des légumineuses et des légumes sont moins nocives pour le foie et donc mieux tolérées que celles provenant de la viande, des œufs ou du poisson.
- Eviter le sel : en retenant l’eau dans le corps, il peut favoriser la rétention de liquide.
Comment prévenir la cirrhose du foie ?
Il est possible d’agir personnellement sur certains facteurs qui favorisent le développement d’une cirrhose du foie. Puisque l’alcool endommage le foie, il est préférable de ne pas en consommer ou d’en consommer avec modération. Afin de ne pas surcharger inutilement le foie avec les médicaments car le foie transforme les substances provenant de ces produits, veillez à ne prendre un traitement que sur indication médicale ou recommandation de votre médecin.
L’axe intestin-foie peut jouer un rôle important dans le développement d’une cirrhose du foie ou dans l’évolution de la maladie, il est donc important de maintenir l’équilibre du microbiote intestinal. Des probiotiques multi-espèces très efficaces permettent par exemple de soutenir les bactéries intestinales de l’organisme et ainsi de soulager le foie en agissant sur l’intestin.
