Le désir d’enfant est le point de départ d’une envie de devenir parent et de construire une famille. On souhaite alors tomber enceinte rapidement pour concrétiser ce projet qui nous comblera. La conception d’un enfant puis la grossesse impliquent de nombreux facteurs et peuvent se révéler plus compliquées que ce qu’on avait imaginé. Certaines femmes éprouvent des difficultés à tomber enceinte car elles sont notamment confrontées à des troubles de la fertilité. Quels rôles peuvent jouer les probiotiques à ce sujet ?
Les troubles de la fertilité chez les femmes
Les troubles de la fertilité sont un problème fréquent et présent dans le monde entier. L’infertilité touche aussi bien les femmes que les hommes.
Certains facteurs qui influencent la fertilité chez les femmes ont été identifiés, parmi lesquels on trouve :
- L’âge : la fertilité diminue avec l’âge
- Le mode de vie : le tabagisme par exemple réduit la fertilité féminine
- Le poids : les femmes qui souffrent de surpoids ou d’obésité ont plus de difficultés à tomber enceinte
- Une prédisposition génétique
- Certaines infections aiguës ou chroniques
- Le stress chronique
- Des facteurs environnementaux (pollution)
Ces dernières années, la recherche s’est notamment concentrée sur le microbiote vaginal pour prévenir les troubles de la fertilité chez les femmes.
La flore vaginale : un élément clé pour tomber enceinte
La composition d’un microbiote vaginal en bonne santé est dominée par les lactobacilles (Lactobacillus). Ces bactéries lactiques utiles protègent le vagin contre les germes pathogènes et les champignons en produisant de l’acide lactique. Le vagin présente alors un niveau d’acidité naturellement élevé car le pH vaginal normal varie entre 4 et 4,5.
Une présence réduite de lactobacilles et une prolifération de germes anaérobies sont à l’origine de la dysbiose vaginale, c’est-à-dire que la composition bactérienne de la flore intime est déséquilibrée. Ce trouble peut avoir une influence négative sur la procréation. A titre d’exemple, la bactérie Ureaplasma parvum est associée à l’infertilité, aux maladies périnatales et à la mortinatalité. Un taux important de ce micro-organisme au sein du microbiote vaginal peut impacter la possibilité de tomber enceinte.
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Une étude pour observer les effets d’un probiotique à base de bactéries lactiques sur le microbiote vaginal
Une étude randomisée et contrôlée par placebo a examiné l’effet d’un probiotique multi-souches à base de ferments lactiques sur la composition et la diversité du microbiote vaginal auprès de 80 femmes qui présentaient des troubles de la fertilité.
Des prélèvements vaginaux ont été effectués pour analyser le microbiote vaginal au début de l’étude, puis après quatre semaines d’administration d’un probiotique ou d’un placebo. Pour cette étude, deux groupes ont été effectués : certaines participantes ont pris une fois par jour par voie orale 2 g d’un probiotique à base de bactéries lactiques (groupe probiotique) et les autres femmes ont pris un placebo (groupe placebo). Au début de l’étude, le prélèvement a été réalisé au 20ème jour du cycle menstruel. Le séquençage du gène de l’ARNr 16S a montré une flore vaginale en bonne santé dominée par des lactobacilles chez 75 % des participantes.
Une observation constatée lors de l’analyse des seconds prélèvements mérite d’être indiqué ici. Une différence significative a été mise en évidence entre le groupe probiotique et le groupe placebo concernant le taux d’Ureaplasma parvum entrant dans la composition du microbiote vaginal. La présence de cette bactérie était à peine détectable chez les femmes qui ont pris le probiotique alors que les participantes du groupe placebo présentaient une nette augmentation de cet agent pathogène après 4 semaines (p=0,021). Par conséquent, le développement de la bactérie Ureaplasma parvum a pu être empêché grâce à l’administration d’un probiotique spécifique à base de bactéries lactiques et ce, dans des conditions standards (sans traitement antibiotique).
La dysbiose vaginale provoquée par une réduction de lactobacilles au sein du microbiote peut notamment être associée à un taux d’implantation plus faible. La présente étude montre que l’utilisation d’un probiotique multi-souches a un effet protecteur et a permis de prévenir la colonisation de la flore vaginale par Ureaplasma parvum. Les résultats ont clairement démontré que les souches probiotiques de Lactobacillus ont une influence positive sur le microbiote vaginal en chassant certains germes pathogènes. En somme, la prise par voie orale d’un probiotique contenant des bactéries lactiques contribue à maintenir l’équilibre du microbiote vaginal et constitue une option pour soutenir les femmes qui souhaitent tomber enceinte et assouvir leur désir d’enfant.
Source :
Michael Schenk, Lukas Grumet, Julia Sternat, Nina Reinschissler, Gregor Weiss, “Effect of probiotics on vaginal Ureaplasma parvum in women suffering from unexplained infertility”, Reproductive BioMedicine Online, Volume 43, Issue 3, Pages 503-514, 2021.
