En tant qu’activateur efficace de l’autophagie, un processus de renouvellement des cellules, la spermidine est considérée comme une « fontaine de jouvence ». Ce micronutriment, qui appartient aux polyamines d’un point de vue chimique, est produit notamment dans l’organisme par les cellules et les bactéries intestinales. La spermidine peut aussi être absorbée car certains aliments en contiennent. Des études montrent que les effets de la spermidine provenant d’un apport extérieur (via l’alimentation) et ceux de la spermidine issue du microbiote se complètent.
La spermidine : qu’est-ce que c’est ?
D’un point de vue chimique, ce micronutriment fait partie des polyamines, ce sont des molécules que l’on retrouve dans les cellules de l’organisme mais aussi chez les animaux ou les végétaux. La spermidine est considérée comme un activateur efficace de ce qu’on appelle l’autophagie. Il s’agit d’un processus de « recyclage » qui prend place à l’intérieur des cellules permettant aux anciennes cellules de se renouveler et donc de restaurer leur activité [1]. Via ce mécanisme, nos cellules éliminent les déchets toxiques ou les éléments inutiles et recyclent certains de leurs propres constituants. Des études récentes soutiennent ce constat et montrent qu’un apport élevé de cette polyamine par le biais d’une alimentation riche en spermidine réduirait la mortalité associée aux maladies cardiovasculaires.
D’où provient la spermidine ?
Outre la production de spermidine par l’organisme lui-même, les aliments riches en spermidine et le microbiote intestinal sont considérés comme les principales sources. Les polyamines comme la spermidine peuvent être trouvées dans toutes sortes d’aliments à des concentrations très variables. Le germe de blé est une source végétale bien connue, mais on en trouve aussi dans le soja, les noix ou les champignons.
Il n’existe actuellement aucune recommandation officielle concernant l’apport quotidien en spermidine, mais des études cliniques suggèrent qu’un apport de 1 à 6 mg par jour constitue un complément idéal [2]. Avec l’âge, le corps produit de moins en moins de spermidine [3], d’où l’intérêt de la consommer sous forme de complément alimentaire.

Comment l’organisme absorbe la spermidine ?
La spermidine consommée par le biais de l’alimentation ou via des compléments alimentaires est rapidement absorbée par l’intestin, de sorte que peu de temps après un repas, la majeure partie des polyamines a déjà disparu de l’intérieur de l’intestin. Le mécanisme moléculaire, c’es-à-dire la manière exacte dont les polyamides apportées de l’extérieur sont absorbées par l’intestin pour pénétrer dans le sang, n’a pas encore été expliqué de manière précise. On suppose qu’elles pénètrent dans l’organisme par diffusion passive (mécanisme qui ne requiert par d’énergie) à partir de la première section de l’intestin grêle, le duodénum.
D’autres approches suggèrent que les polyamines sont absorbées par diverses cellules épithéliales de la muqueuse intestinale grâce à un processus de transport actif strictement régulé [4] ou que l’absorption a lieu par endocytose, c’est-à-dire par l’internalisation de diverses substances (dont la spermidine) par les cellules. L’endocytose est un phénomène actif qui demande de l’énergie. Ces approches suggèrent que des mécanismes spécifiques aux cellules sont impliqués dans l’absorption de la spermidine par l’organisme, mécanismes qui doivent faire l’objet de recherche pour être décrits en détail.
Les bactéries intestinales, importantes productrices de spermidine
La spermidine produite par les bactéries intestinales est absorbée par l’organisme également au niveau des intestins. Les mécanismes cellulaires du microbiome régulent la production de la polyamine [5].
Les bactéries du microbiote intestinal sont capables d’augmenter la production de putrescine dans l’intestin, un précurseur de la spermidine. Par ailleurs, une étude a montré que les personnes qui mangeaient du yaourt contenant des micro-organismes producteurs de polyamines présentaient une amélioration de la fonction endothéliale (l’endothélium est la couche de cellules sur la surface interne des vaisseaux sanguins et lymphatiques). Les auteurs en concluent que la consommation de bactéries productrices de polyamines réduit le risque d’athérosclérose [1] (maladie artérielle).
Par ailleurs, lors d’une série d’expériences effectuées sur des souris, il a été remarqué que la spermidine produite par les bactéries intestinales, a permis de réduire le risque de maladie cardiovasculaire chez ces animaux.
D’autre part, des souris ayant consommé des aliments enrichis en spermidine ont montré une réduction des signes de vieillissement dans le groupe présentant la concentration la plus élevée [6]. D’autres souris ont été traitées avec des bactéries probiotiques capables de produire des polyamines. L’apport de polyamines provenant de ces bactéries intestinales a entraîné à une diminution statistiquement significatif des signes d’inflammation chronique et, en parallèle, un allongement statistiquement significatif de l’espérance de vie de ces animaux [7].

Sources :
[1] Matsumoto, Mitsuharu et al. “Endothelial Function is improved by Inducing Microbial Polyamine Production in the Gut: A Randomized Placebo-Controlled Trial.” Nutrients vol. 11,5 1188. 27 May. 2019, doi:10.3390/nu11051188
[2] Schwarz, Claudia et al. “Safety and tolerability of spermidine supplementation in mice and older adults with subjective cognitive decline.” Aging vol. 10,1 (2018): 19-33. doi:10.18632/aging.101354
[3] Muñoz-Esparza, Latorre-Moratalla et al. “ Polyamines in Food” Frontiers in Nutrition vol. 6 (2019): 108. doi:10.3389/fnut.2019.00108
[4] Milovic, V. “Polyamines in the gut lumen: bioavailability and biodistribution.” European journal of gastroenterology & hepatology vol. 13,9 (2001): 1021-5. doi:10.1097/00042737-200109000-00004
[5] Thomas, T, and T J Thomas. “Polyamines in cell growth and cell death: molecular mechanisms and therapeutic applications.” Cellular and molecular life sciences : CMLS vol. 58,2 (2001): 244-58. doi:10.1007/PL00000852
[6] Soda, Kuniyasu et al. “Polyamine-rich food decreases age-associated pathology and mortality in aged mice.” Experimental gerontology vol. 44,11 (2009): 727-32. doi:10.1016/j.exger.2009.08.013
[7] Matsumoto, Mitsuharu et al. “Longevity in mice is promoted by probiotic-induced suppression of colonic senescence dependent on upregulation of gut bacterial polyamine production.” PloS one vol. 6,8 (2011): e23652. doi:10.1371/journal.pone.0023652