La qualité du sommeil ainsi que la durée sont essentielles, tout pour notre bien-être et nos performances que pour de nombreux aspects liés à la santé. Le manque de sommeil touche de plus en plus de personnes en Occident et favorise l’apparition de maladies. Les facteurs associés aux troubles du sommeil sont multiples : le mode de vie, les contraintes professionnelles, des soucis et de l’anxiété, des troubles psychologiques, les effets secondaires de certains médicaments, des facteurs sociaux, etc. Quel rôle joue l’axe intestin-cerveau à ce sujet ? Comment peut-on influencer son bon fonctionnement ?
Le manque de sommeil à long terme entraîne des conséquences importantes sur la santé et le risque de développer un diabète de type 2, des problèmes cardiovasculaires, de l’obésité ou de l’hypertension augmente sérieusement. Le contrôle du rythme circadien (notre horloge interne) et donc du sommeil est assuré par des mécanismes complexes qui sont régulés par différents éléments parmi lesquels les hormones endogènes, l’alternance du jour et de la nuit et l’axe intestin-cerveau. Les probiotiques sont en mesure d’agir sur le sommeil via l’axe intestin-cerveau, par exemple en régulant une dysbiose intestinale (= un déséquilibre du microbiote).
Le rythme circadien
Les différentes phases lumineuses dues à l’alternance du jour et de la nuit, auxquelles nous sommes exposés au cours des 24 heures, ajustent en permanence un« centre de contrôle » situé dans l’hypothalamus, une partie de notre cerveau. Les informations provenant de cette région du cerveau sont transmises au corps par le biais des hormones et d’autres messagers, ce qui permet de synchroniser les horloges de tout le corps et ainsi, elles adaptent leurs activités au regard de leurs fonctions dans l’organisme. Le rythme circadien fait notamment changer au cours de la journée : la température corporelle, la production d’hormones ou la fréquence cardiaque.
Ce rythme naturel peut être facilement perturbé par le travail de nuit ou en horaires décalés, des repas pris à des horaires irréguliers, une dysbiose ou la luminosité extérieure. Dès lors, le sommeil, la santé et le microbiome en subissent les conséquences.

L'axe intestin-cerveau et le rôle du microbiome
Depuis quelques années, la recherche sur l’axe intestin-cerveau est au centre des préoccupations des scientifiques qui s’intéressent au microbiome. Actuellement, nous connaissons trois grands « piliers » via lesquels l’intestin et son microbiote communiquent avec le cerveau.
- Le nerf vague (ou nerf pneumogastrique) : ce nerf est un intermédiaire direct puisqu’il relie directement le cerveau à l’intestin. Les neurotransmetteurs (par exemple le GABA et la sérotonine), qui peuvent être directement produits par certaines bactéries, jouent un rôle dans la transmission des informations entre ces deux organes.
- Le système immunitaire : la neuroinflammation (inflammation du cerveau et des neurones composant le système nerveux) influence la diversité et la composition du microbiote intestinal. Les micro-organismes présents dans le tube digestif régulent le développement des cellules immunitaires, jusqu’aux cellules de défense présentes dans le cerveau (les cellules microgliales).
- Le système neuroendocrinien : les cellules et les hormones de ce système influencent également les micro-organismes qui vivent dans notre appareil digestif. En retour, les métabolites agissent directement ou en tant que précurseurs sur l’expression des gènes (un processus biologique et la production d’hormones chez l’être humain.
Des chercheurs ont récemment pu démontrer l’influence de substances prébiotiques sur le rythme circadien. Lors d’une étude menée, l’administration chez des animaux d’un flavonoïde (une substance végétale) via l’alimentation a entraîné la modification à la fois de la composition microbienne et des métabolites produits par les micro-organismes. Le rythme circadien, qui était auparavant perturbé chez ces animaux, est redevenu normal.
Les probiotiques : un soutien durable en cas de troubles du sommeil
Plusieurs études ont observé et analysé la relation entre la composition bactérienne du microbiote et le sommeil, notamment l’effet d’un manque de sommeil chronique sur la colonisation des intestins par les micro-organismes. Les résultats de ces recherches nous ont permis de constater qu’un microbiote perturbé ou déséquilibré augmente la perméabilité de la muqueuse intestinale et déclenche une réaction inflammatoire chronique. Puisque la communication entre l’intestin et le cerveau est active, ces phénomènes qui prennent place dans l’appareil digestif ont un impact sur le sommeil.
Le microbiome représente pour l’avenir une cible thérapeutique intéressante afin d’agir sur les troubles chroniques du sommeil.
Dans le cadre d’une étude au cours de laquelle des volontaires ont pris un probiotique multi-espèces pendant quatre semaines, les scientifiques ont pu montrer que le probiotique avait une influence positive sur la mémoire, que les humeurs négatives et le sentiment d’anxiété étaient moins fréquents et que l’activité dans certaines zones du cerveau avait changé.
Dans une autre étude, près de 10.000 participants exposés à stress particulier pendant la pandémie de Covid-19 ont pris une probiotique multi-espèces chaque jour pendant deux semaines. Les chercheurs ont pu constater des améliorations significatives de la qualité du sommeil, de la vitalité, de la santé mentale, des performances et de la résistance au stress.
Les derniers résultats d’études cliniques concernant cet axe prouvent l’intestin et le cerveau sont en interaction complexe et permanente. Des bouleversements ou dérèglements qui perturbent le bon fonctionnement de l’un ou de l’autre déséquilibrent cette structure. Il est prouvé que la prise d’un probiotique de haute qualité et dont l’efficacité a été démontrée influence l’activité cérébrale. Une prise de deux semaines suffit déjà à influencer positivement la qualité du sommeil. Le microbiome représente pour l’avenir une cible thérapeutique intéressante pour agir sur les troubles chroniques du sommeil. L’utilisation de probiotiques est un moyen efficace et naturel qui permet de réduire également les coûts pour le système de santé car les maladies associées à un manque de sommeil chronique sont nombreuses.
