L’infertilité est un phénomène mondial et le nombre de couples touchés augmente chaque année. En France, les données de l’Enquête nationale périnatale (ENP) et de l’Observatoire épidémiologique de la fertilité en France (Obseff) indiquent qu’entre « 15 et 25 % des couples sont concernés » par l’infertilité. Cependant, « ces chiffres tombent à 8 % – 11 % après deux ans de tentative » (1). La cause exacte de ce phénomène fait encore l’objet de débats.
L’échec d’un traitement représente une charge psychique importante pour le couple. Outre des facteurs environnementaux, psychiques et l’âge avancé comme certaines des causes principales, la composition de la flore vaginale peut également être une cause d’une infertilité encore inexpliquée. Des études scientifiques ont montré que la composition et la stabilité du microbiote vaginal diffèrent entre les femmes enceintes et celles qui ne le sont pas. On peut de ce fait envisager que le microbiome vaginal a un impact sur la fertilité et la naissance.
L'infertilité : agir sur la flore vaginale
Une flore riche en lactobacilles est essentielle
La flore vaginale est composée d’environ 250 espèces bactériennes différentes. Une flore intime en bonne santé est dominée par les lactobacilles (Lactobacillus). Ces bactéries lactiques assurent que le pH du vagin soit acide afin que les germes pathogènes et les champignons ne puissent pas s’y multiplier. Le milieu acide du vagin fonctionne comme un bouclier protecteur contre les infections de la zone intime, telles que la cystite, la mycose vaginale ou la vaginose bactérienne.
L’équilibre bactérien de la flore vaginale peut toutefois être altéré. Les raisons d’un déséquilibre sont multiples : un changement hormonal, un système immunitaire affaibli ou des antibiotiques peuvent effectivement perturber l’équilibre de la flore vaginale.
Quel est le lien entre la fertilité et la flore vaginale ?
Une dysbiose vaginale, c’est-à-dire un déséquilibre de la flore vaginale, provoqué par une diminution du nombre de lactobacilles et par conséquent une prolifération de germes, peut avoir un impact négatif sur la capacité de reproduction. Par exemple, la présence marquée du germe Ureaplasma parvum au sein du microbiote vaginal est associée à l’infertilité et aux maladies périnatales.
Le rôle important de l'endomètre
Il est important de souligner ici que l’endomètre, à savoir la muqueuse interne de l’utérus, n’est pas exempt de micro-organismes. Cette partie de l’utérus est aussi colonisée par des bactéries qui auraient une influence importante sur la fertilité des femmes. Une colonisation bactérienne perturbée pourrait ainsi empêcher la nidation d’un ovule fécondé.
Pour la première fois, une équipe de scientifiques espagnols s’est penchée sur le microbiome de l’utérus et leurs recherches ont montré que ce microbiome est composé à 90 % de lactobacilles chez les femmes en bonne santé. Un manque de lactobacilles et l’apparition d’autres germes peuvent réduire la fertilité de manière significative. Il est intéressant de mentionner ici quelques-unes de leurs observations. Ils ont notamment remarqué que lorsque le microbiote utérin était dominé par les lactobacilles, l’implantation d’un embryon était réussie à 60,7% dès la première fécondation in vitro, contre 23,1% seulement lorsque le microbiote présentait un nombre peu élevé de lactobacilles. Même constat pour le taux de grossesses réussies qui passe de 70,60 % à 33,30 % en cas de manque en lactobacilles ainsi que pour le pourcentage de naissances, passant de 58,80 % à 6,70 %.
Les effets des probiotiques sur la flore vaginale
*Procréation médicalement assistée
Au cours de ces dernières années, on note une hausse de l’utilisation de probiotiques par les gynécologues, en particulier pour prévenir les modifications de la flore vaginale et pour les femmes qui souffrent d’infections urinaires ou génitales à répétition.
Dernièrement, les recherches portant sur le microbiome ont mis en évidence la possibilité de trouver des souches bactériennes bénéfiques efficaces contre les maladies gynécologiques. Des scientifiques ont démontré que la prise par voie orale de bactéries probiotiques était la plus efficace puisque le procédé imite la voie naturelle de colonisation du vagin par les bonnes bactéries. Les bactéries migrent de l’intestin au vagin en passant par le périnée et la vulve. Les intestins sont un “réservoir” de bactéries pour la colonisation permanente du vagin contrairement à l’utilisation d’ovules.
Peut-on augmenter la fertilité grâce aux probiotiques multi-espèces ?
Une étude a montré que la prise d’un probiotique multi-espèces pouvait avoir une influence sur la présence d’Ureaplasma parvum au sein du microbiote intime. Alors qu’une augmentation de cet agent pathogène a été observée dans le groupe ayant reçu un placebo, il n’a pratiquement pas été détecté dans le groupe de femmes ayant reçu un probiotique multi-espèces.
Par conséquent, la prise d’un probiotique multi-espèces offre une possibilité idéale et naturelle de maintenir un microbiome vaginal sain et constitue en outre une option dans la prise en charge des femmes qui ont des difficultés à avoir un enfant.